L’eldorado d’Apple et des GAFAM et ce qu’il exprime

La valorisation boursière d’Apple a dépassé les 2.000 milliards de dollars, doublant en l’espace de deux ans. Les analystes de Goldman Sachs n’en reviennent pas, reconnaissant qu’ils étaient loin dans leurs prévisions d’approcher ce qui bouleverse tous les usages. Le chiffre d’affaires d’Apple étant de 274 milliards de dollars et ses profits nets de 58 milliards, une telle valorisation est du jamais vu ! Le Price-Earnings Ratio (PER) qui exprime le rapport entre la valeur des actions et les bénéfices en ressort à 35, hors de tous les sentiers battus, la norme se situant empiriquement entre 12 et 15. Pour mieux apprécier le résultat, Apple vaut aujourd’hui plus que toutes les entreprises du CAC40 réunies.

Certes, Apple est devenu une machine à cash sans égal, engagé avec succès dans la commercialisation de nombreux services en s’appuyant sur son énorme base de clientèle – ApplePay a 400 millions d’utilisateurs – mais cela n’explique pas tout. Son attrait pour les investisseurs, qui s’accentue, n’est pas non plus sans rapport avec sa politique de rachat de ses actions afin d’en faire monter le cours, pas plus que sa décision de scinder en 4 ses actions, divisant leur valeur unitaire, afin d’en rendre l’achat plus abordable pour les petits investisseurs pour garantir l’avenir. Petits et grands, les investisseurs sont choyés.

Apple se détache du lot, mais les GAFAM bénéficient de la même ferveur boursière, Google, Facebook et Amazon ne sont pas en reste. Ensemble, ils représentent 20% du S&P 500, dont la capitalisation boursière est de 25.150 milliards de dollars, et la moitié du Nasdaq qui représente 10.300 milliards de dollars, après avoir créé 2.626 milliards de dollars de valeur pour leurs actionnaires, l’équivalent de la richesse financière annuelle de l’économie française.

Les investisseurs volent au secours de la victoire en plébiscitant la nouvelle économie numérique dont ils attendent la poursuite des résultats mirobolants, satisfaits de voir s’estomper le risque du démantèlement de leurs grands acteurs. Reste celui d’une réglementation qui briderait leurs projets en cours, qui reposent sur la collecte ou l’accès aux données, mais elle est considérée comme secondaire. Le risque se déplace toutefois à force de mettre tous ses œufs d’or dans le même panier, tout accès de faiblesse dans l’avenir risquant d’avoir de grands retentissements.

Le choix de refuges éprouvés pour une masse grandissante de capitaux s’avère restreint. La recherche du rendement est un talon d’Achille qui s’ignore. La concentration des investissements dans des méga-entreprises donne un mauvais signal à propos de l’évolution du pouvoir. Hier les mégabanques l’accaparaient, puis les fonds d’investissement géants ont pris le dessus, les méga-entreprises mondiales leur succèdent. De quoi avoir le vertige. La défense des consommateurs leur est opposée sans grand succès, celle des citoyens est oubliée.

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